Le
Système Binaire
Dans la forme numérique
, chacune des grandeurs qui constituent l’information est exprimée par un
nombre. Pour une variable continue ou quasi continue, ce nombre, qui comporte
d’autant plus de chiffres que la traduction doit être plus précise,
n’appartient généralement pas au système décimal, où dix chiffres
représentatifs sont utilisés, mais à un système à peu de chiffres (généralement
deux: systèmes binaire ou dérivés, comme le décimal codé binaire, ou D.C.B.).
Pour une variable discontinue susceptible de prendre seulement quelques états
distincts – souvent deux, dits tout ou rien, ou T.O.R. –, les états sont
généralement traduits par les combinaisons d’un petit nombre de chiffres
(généralement deux: systèmes binaire et dérivés). Les états ci-dessus sont
universellement repérés par les chiffres 0 et 1, chiffres appelés bits (de
l’anglais binary units ou digits ).
– Dans la forme
analogique , chacune des grandeurs qui constituent l’information est
susceptible de variation continue; chaque grandeur (physique) est traitée par
un "transducteur" qui la transforme en une autre grandeur physique
(le plus souvent électrique) qui lui est proportionnelle (ou, au moins, lui
correspond de façon biunivoque).
La traduction
numérique, ou codage, des grandeurs physiques continues est un problème
généralement résolu par des méthodes électroniques (utilisation
d’amplificateurs, de circuits logiques, voire de microprocesseurs), parfois
associées à des moyens optiques ou mécaniques. Les grandeurs ainsi codées
peuvent se trouver brouillées par des signaux parasites apparaissant en
particulier sur les lignes de transmission, qui doivent donc être protégées.
Une façon efficace de protéger les signaux est de les transformer en impulsions
lumineuses par des convertisseurs opto-électroniques (phototransistors,
photodiodes, diodes lasers) et de les transmettre par des fibres optiques, ce
qui permet de transférer une grande quantité de signaux par unité de temps sans
risque de brouillage.
Cette observation
est particulièrement importante pour les utilisations militaires, où l’une des
causes les plus redoutées de brouillage est le rayonnement électromagnétique
causé par les explosions nucléaires (techniques de "durcissement").
Pour les variables
discontinues, exprimées principalement en binaire, dont le traitement est
communément baptisé logique, on fait appel tant aux domaines électrique et
électronique qu’aux domaines pneumatique, hydraulique et mécanique. Les
techniques de logique utilisent une famille de cellules élémentaires connectées
les unes aux autres. Par commodité, ces cellules seront désignées ici sous le
vocable très usité de circuits logiques.
Un tel circuit
(fig. 2) comprend essentiellement une entrée, une sortie et un apport d’énergie
auxiliaire; il est construit pour recevoir, à son entrée, des signaux issus des
sorties de circuits similaires et pour émettre, à sa sortie, un signal qui sera
reçu par les entrées de circuits similaires. Ces signaux ne peuvent avoir que
deux valeurs, parfaitement distinctes l’une de l’autre, dites états, qui sont
repérées conventionnellement par les chiffres 0 et 1.
Les circuits
logiques ont couramment plusieurs entrées et plusieurs sorties. Il existe une
combinaison deux à deux de circuits logiques, dite mémoire ou bascule, dont
l’état de sortie est conservé après disparition du signal qui avait provoqué
son apparition (fig. 3). Les assemblages de mémoires élémentaires forment des
registres, des compteurs, etc., constamment employés en automatisme séquentiel.
En technique
électrique, les ensembles logiques sont constitués par des relais
électromécaniques.
En technique
électronique, les circuits logiques ont d’abord été réalisés au moyen de
transistors (commandés en tout ou rien) et de résistances, puis par des
assemblages de jonctions transistors et d’éléments équivalents à des
résistances, réalisés en couches minces à l’échelle microscopique, portant le
nom de circuits intégrés. Cette technique permet une très grande
"densité" des ensembles logiques [cf. CIRCUITS INTÉGRÉS].
Cette densité ne
cesse de croître avec les progrès des moyens de production de la
microélectronique. On peut ainsi disposer, sur une seule pastille de silicium,
de registres de mémoire d’une capacité considérable, de sorte que des variables
numériques codées en mots de 8 ou 16 bits et même 32 bits (c’est-à-dire avec
précision) peuvent être stockées par centaines de milliers. Cela a permis de
réaliser dès la fin des années 1970, avec quelques boîtiers plats de quelques
centimètres carrés de surface, l’équivalent d’une unité centrale d’un ordinateur
classique avec une large capacité de mémoire et un temps de cycle court –
inférieur à la microseconde [cf. MICROÉLECTRONIQUE].
Les
microprocesseurs permettent, dans les automatismes modernes, des traitements
d’information décentralisés. Ils sont particulièrement utiles pour:
– le codage des
grandeurs physiques intervenant dans l’automatisation et leur traitement par
fonction de transfert, linéaire ou non;
– le filtrage par
logiciel du bruit et des valeurs erratiques (traitement dans les capteurs ou en
association avec eux);
– la transmission
des informations au moyen de lignes de communication (transmission asynchrone
en série des bits composant les informations sur des lignes de plus en plus
rapides);
– le traitement des
variables d’état pour réaliser les conditions optimales de stabilité et de
performance des systèmes bouclés [cf. AUTOMATIQUE];
– la gestion des
alarmes et des signaux de service.
On ne saurait
donner ici ne serait-ce qu’un aperçu du vaste domaine des capteurs et
transducteurs destinés à transformer une grandeur physique en un signal
analogique ou numérique. Les réalisations sont innombrables dans les domaines
de la dynamique et de la cinématique, de la physico-chimie (débits, pressions,
volumes, températures), de l’optique (y compris l’analyse d’image) et de
l’acoustique.
On distingue, en
particulier en robotique, les capteurs "proprioceptifs", qui
permettent de contrôler les déplacements relatifs des parties d’un système les
unes par rapport aux autres, des capteurs "extéroceptifs", destinés à
fournir des renseignements sur l’environnement; ces derniers sont susceptibles
de développements considérables dans l’avenir [cf. ROBOTS].
Une grande variété
de moyens sont mis à la disposition des automaticiens dans le domaine du
traitement des signaux analogiques: amplification, transformation mathématique
simple indépendamment de la variable temps, ou au contraire en fonction de
cette variable (intégration, dérivation). Il existe actuellement une gamme
complète de dispositifs électroniques effectuant ces opérations sans difficulté
avec une bonne précision, les amplificateurs opérationnels [cf. AMPLIFICATEURS
OPÉRATIONNELS].
Cependant, la
nouvelle facilité de traitement des signaux numériques apportée par les
microprocesseurs assure une précision supérieure, y compris pour les signaux
évoluant rapidement; elle tend à faire préférer les méthodes numériques aux
méthodes analogiques. Celles-là devraient permettre, en outre, de rejeter par
traitement informatique les données erratiques et le "bruit".
Les deux types de
traitement coexistent dans les mêmes systèmes et il faut donc pouvoir convertir
les signaux analogiques en signaux numériques et vice versa. C’est le rôle des
convertisseurs analogique-numérique et numérique-analogique, composants
essentiels des systèmes automatiques.
On évoquera ici,
pour être complet, les technologies qui utilisent, tant pour les capteurs que
pour les traitements analogiques et la logique séquentielle, des composants
dont l’élément actif est un fluide, en particulier l’air ou un gaz comprimés.
Elles ont connu leur heure de gloire dans les installations où les liaisons
électriques sont redoutées (atmosphères explosibles, prescriptions de sécurité
intrinsèque). Elles sont associées à des actionneurs de la même famille et
conduisent à des solutions rustiques et toujours appréciées pour leur économie
et leur robustesse.
Actionneurs
Le rôle des
actionneurs est de commander le processus à partir des ordres émis par le
système de traitement de l’information, dans le langage d’information du
système. Les actionneurs gouvernent les échanges d’énergie des organes
principaux du processus.
Quand l’information
de "sortie" est donnée sous forme logique, donc discrète, les
actionneurs les plus répandus sont: en technique électrique, les contacteurs
électromagnétiques et les électrovannes; en technique électronique, les
amplificateurs de puissance par tout ou rien (transistors, thyristors,
thyristors à extinction commandée, dits G.T.O. – Gate Turn Over); en technique
des fluides, les vannes, les distributeurs, les vérins, les vannes commandées
par fluides.
Quand l’information
est à variation continue, les actionneurs les plus répandus sont:
– En électricité,
les moteurs à vitesse variable, soit à courant continu, soit à courant
alternatif de fréquence variable. Les premiers sont désormais tous alimentés
par des redresseurs commandés à semiconducteurs (transistors, thyristors,
thyristors G.T.O.), assurant, si nécessaire, la fourniture du couple dans les
deux sens avec les deux sens de rotation, c’est-à-dire l’échange de l’énergie
dans les deux sens. Les seconds, de type synchrone ou de type asynchrone à cage
suivant les cas, sont alimentés par des convertisseurs de fréquence utilisant
les mêmes types de semiconducteurs. Il est désormais possible d’introduire dans
les régulateurs électroniques de commande des convertisseurs des circuits
correcteurs des réactions d’induit, de sorte que les performances peuvent être
alignées sur celles des moteurs à courant continu. Les moteurs alternatifs,
plus fiables et moins sensibles à l’environnement, permettent de mieux résoudre
le problème de l’adaptation du moteur à la charge entraînée. Ils permettent
aussi l’accès aux plus grandes vitesses et aux plus grandes puissances. L’arrivée
sur le marché d’aimants à hautes performances a permis de réaliser des
servomoteurs électriques très robustes, à faible inertie et de grande qualité,
de type continu, synchrone, et même à réluctance variable.
– En hydraulique,
les moteurs associés à des pompes à débit variable – ces derniers présentant un
avantage par rapport aux moteurs électriques sur le plan des inerties et des
encombrements –, ou encore les vérins contrôlés par des servovalves, au besoin
à débit variable et contrôlées elles-mêmes électroniquement.
Il faut aussi
mentionner les moteurs "pas à pas". Commandés électroniquement, ces
moteurs ont la particularité de tourner par bonds successifs d’un angle fixe
dit incrément. Lorsqu’ils reçoivent un train de n impulsions, ils procèdent de
n incréments; il s’agit d’une façon très simple de commander un positionnement
d’organe mécanique sans asservissement. Ces moteurs appartiennent à la famille
des moteurs à réluctance variable. Ils peuvent être équipés d’un amplificateur
de couple hydraulique.
Les actionneurs ont
pour mission de gouverner les transferts d’énergie à partir de signaux issus de
système d’automatisation. Il est nécessaire qu’ils répondent avec précision,
fidélité, rapidité aux signaux de commande. Comme ils ne possèdent pas toujours
toutes ces qualités, et que les signaux de commande sont "à bas
niveau" (ils doivent donc être amplifiés), il est souvent nécessaire
d’associer à chacun de ces actionneurs un système d’amplification et des
capteurs en contre-réaction, afin de constituer un système asservi [cf.
AUTOMATIQUE]. De cette façon, ils sont doués des qualités requises. Cela est de
pratique courante pour les servomoteurs de positionnement, les moteurs à
vitesse variable, les vérins hydrauliques.
Aux actionneurs,
dont la tâche est le mouvement des solides, sont généralement associés des
mécanismes dont le fonctionnement peut être décrit par ce que l’on appelle la
chaîne cinématique.
La chaîne
cinématique des robots est un exemple très représentatif de l’agencement des
actionneurs d’automatisation mettant en œuvre des asservissements.
Un robot se
compose, facultativement, d’un véhicule qui le positionne à portée de ses
tâches et, obligatoirement, d’un porteur qui a pour rôle d’amener l’organe
terminal dans un endroit précis. Le positionnement du porteur par rapport au
véhicule comporte au moins trois degrés de liberté (rotations indépendantes 1,
2, 3; pas de translation). L’organe terminal (pince ou outil) exige lui-même
trois degrés de liberté (rotations indépendantes 4, 5, 6; pas de translation).
Un robot a donc au moins six degrés de liberté (fig. 4). L’existence d’un
véhicule ou d’un bras télescopique augmenteront le nombre de degrés de liberté.
Rôle
des ordinateurs
Pour commander
rationnellement les mouvements de cette chaîne mécanique articulée complexe, il
faut en avoir une représentation sous forme d’équations, c’est-à-dire un
modèle. Moyennant certaines hypothèses simplificatrices, ce modèle est un
algorithme de relations vectorielles traduites en matrices (modèle géométrique),
corrigé de conditions restrictives sur les efforts, vitesses et courses de
déplacement, des conditions d’anticollision (modèle cinématique) et d’autres
conditions restrictives sur les efforts et contraintes internes (modèle
dynamique).
Si l’on veut, par
exemple, seulement télécommander, puis mémoriser un certain nombre de gestes de
l’outil, l’expérience montre qu’il vaut mieux avoir recours à un ordinateur
pour élaborer, en temps réel, les signaux de commande (références) des
asservissements, grâce à ces modèles.
Le rôle de
l’ordinateur est:
– de traiter
l’information donnée par les capteurs et les consignes (provenant plus ou moins
directement des commandes opérateurs) pour produire les ordres destinés aux
actionneurs;
– d’optimiser le
processus commandé, ce qui nécessite une identification de celui-ci sur un
modèle; ce dernier résulte d’une étude mathématique et peut être
auto-adaptatif, c’est-à-dire qu’il ajuste lui-même certains paramètres par des
tests qu’il effectue en cours d’exploitation;
– de réaliser le
dialogue homme-machine (envoi des ordres et réception de comptes rendus
analytiques, affichage des grandeurs mesurées).
Les composants
essentiels du système informatique sont:
– une unité
centrale (ordinateur) comprenant une mémoire d’accès rapide, les registres de
traitement et d’entrée/sortie;
– une ou plusieurs
mémoires de masse;
– des
convertisseurs de signaux analogique-numérique et vice versa;
– les circuits
d’entrée/sortie et leurs moyens de transmission vers les capteurs, les actionneurs,
les alarmes, le système de dialogue homme-machine;
– les moyens du
dialogue homme-machine (écrans cathodiques, claviers alphanumériques,
afficheurs, boutons poussoirs et voyants lumineux);
– les imprimantes
pour comptes rendus et programmation;
– les logiciels
(logiciel spécifique, en langage évolué, logiciels de base, procédures et
protocoles).
On peut dégager
quatre tendances dans la conception des systèmes informatiques de
l’automatisation:
– importance du
confort du dialogue homme-machine, qui suppose l’emploi d’écrans cathodiques en
couleurs avec toute une panoplie de symboles et graphismes pour fournir des
informations sous forme de schémas; différentes "photographies"
peuvent être présentées sur demande, avec grossissement "à la loupe"
de points particuliers; ainsi, les appareils de mesure classiques à cadran et
aiguille se font rares, et l’opérateur ne se déplace plus le long de tableaux
de dizaines de mètres, comme par le passé.
– limitation des
commandes à quelques manettes et pédales;
– emploi de
langages évolués pour le logiciel afin de traiter des modèles mathématiques de
plus en plus complexes;
– décentralisation
des traitements informatiques (traitement au niveau des capteurs, des
actionneurs, du dialogue homme-machine) et hiérarchisation des fonctions
(échanges entre les systèmes d’automatisation et les systèmes de gestion d’une
unité de production).
Là où l’ordinateur,
avec son langage évolué, l’importance de sa mémoire, la rapidité de son
traitement, est trop coûteux, on lui préfère l’automate programmable. Ce
dernier a la même architecture qu’un petit ordinateur; mais, pour des raisons
d’économie, une partie de sa mémoire ainsi que les logiciels de compilation ou
d’interprétation ont été sacrifiés. Le langage de la machine est un langage peu
évolué, accessible aux non-informaticiens, et proche du mode de pensée des
électriciens.
Il est conçu pour
traiter surtout des problèmes de logique séquentielle, des signaux de type tout
ou rien, mais peu ou pas de calculs arithmétiques. De ce fait, il traite
rapidement, et c’est son atout.
Devant la diversité
des automates programmables existants et des langages associés, il est devenu
nécessaire de créer une méthodologie de rédaction du logiciel de ces appareils.
Il s’agit d’une méthode d’analyse des processus de type graphique permettant de
rationaliser la structure des programmes. La plupart des machines françaises
ont adopté une procédure normalisée appelée Grafcet.
On recherche
désormais la décentralisation des traitements et la hiérarchisation des
fonctions; de plus, les systèmes automatisés sont de plus en plus étendus: les
liaisons de transfert d’information de plusieurs kilomètres ne sont pas rares.
En réponse à ces
besoins, on a créé des architectures de systèmes dont les caractéristiques sont
les suivantes:
– fonctions
d’automatisme réparties;
– mise en commun de
données;
– liaisons
intermachines "transparentes";
– conduite
centralisée.
De telles
architectures s’articulent obligatoirement autour de réseaux locaux
d’interconnexion entre machines programmables, supports d’une base de données
commune, dont l’accès doit être transparent à partir de chacune des machines
distribuées.
Pour les contrôles
de processus (à réactions généralement lentes), on dispose de lignes de
communication, dites bus, capables de transférer de grands volumes
d’information (beaucoup de points de mesures gérés), quitte à ce que ces
informations ne soient pas très souvent mises à jour ("rafraîchies").
Pour le contrôle des portions du système regroupées autour d’une fonction
locale, associée, par exemple, à des mouvements mécaniques, des réglages de
vitesses d’organes mécaniques, des enchaînements qui réclament des
interventions fréquentes et rapides, on dispose de bus locaux qui ne peuvent
transférer que de petits volumes d’information, mais qui sont capables de
rafraîchir cette information très souvent.
Lorsqu’un grand
système automatise un processus complexe, ce dernier est sous la dépendance de
multiples fonctions locales qui en assurent le bon déroulement, tandis que
lui-même est soumis à des directives générales qui lui viennent "d’en
haut" (intervention humaine directe, ou consignes élaborées par un autre
système de hiérarchie supérieure: par exemple, le système de gestion des
commandes clients et des stocks).
Ainsi,
l’architecture d’automatisme d’un tel système comprend un réseau de
communication, processus bâti autour d’un bus à grande capacité et à faible
taux de renouvellement des informations et de plusieurs réseaux de
communication locaux, bâtis chacun autour d’un bus à capacité plus modeste,
mais à fort taux de renouvellement des informations.
Divers
sous-ensembles spécialisés sont répartis le long de ces bus en fonction des
besoins; la figure 5 donne une représentation symbolique de cette architecture.
Le tableau donne, à titre d’exemple, les caractéristiques de systèmes pour
l’automatisation de processus continus ou semi-continus. Ces caractéristiques
correspondent à des performances moyennes avec la technologie du moment.
Ce type
d’architecture, conçu pour le contrôle des processus continus (tels que le
laminage de bandes d’acier ou la synthèse chimique), est aussi applicable aux
processus discontinus (ateliers d’usinage ou de montage en mécanique, utilisant
robots et centres d’usinage). Dans ce dernier cas, les réseaux locaux sont
intégrés dans les robots ou les centres d’usinage. À titre d’exemple, un robot
à six degrés de liberté (dit à six axes) est équipé au minimum d’une unité
pilote à microprocesseur, et de six unités esclaves à microprocesseur; l’unité
pilote dialogue avec le système de hiérarchie supérieure.
Ces architectures
comportent de nombreux logiciels standards destinés aux transferts
d’information par les bus, et au dialogue homme-machine (par exemple,
préparation des représentations graphiques).
4. Principales
applications
Automatismes à
séquences
Historiquement, les
premières tentatives d’automatisation ont eu lieu dans le domaine des
automatismes à séquences chronométriques réalisés par les artisans horlogers
[cf. AUTOMATE].
Ces curieuses tentatives
ouvrirent la voie au perfectionnement des machines-outils dans le textile, dans
l’imprimerie, puis dans les industries mécaniques, contraintes de fabriquer des
armements en grande série pendant la Première Guerre mondiale. Ces progrès
permirent, dès l’après-guerre, de développer dans l’industrie automobile, en
particulier, la production de masse. D’où l’apparition, lors de la Seconde
Guerre mondiale, des machines-transferts. Celles-ci, construites en ligne ou en
carrousel, assurent l’usinage simultané d’un certain nombre de pièces prises à
des stades successifs de finition: à chaque passe d’usinage, une pièce nouvelle
entre dans la machine en même temps que chacune est décalée d’un poste et que
la dernière pièce achevée quitte la machine. Il s’agit là d’une automatisation
séquentielle relativement complexe, dont le cycle est soit chronométrique, soit
réglé par les variables d’état (comptes rendus d’exécution des passes
d’usinage). Ce sont des automatismes où l’électricité, l’électronique, les fluides
et la mécanique ont leur part.
Un autre exemple
très répandu d’automatisation séquentielle est la conduite des mouvements
d’ascenseurs, individuellement ou par batterie, avec les systèmes de priorité
et de réservation actuellement en voie de généralisation.
Dans les
automatismes séquentiels les plus perfectionnés, un automate programmable, ou
un ordinateur, compare périodiquement l’information d’état avec l’information
de commande (fig. 1) afin d’élaborer les ordres à communiquer aux organes
commandés. Cette façon de procéder présente l’avantage de permettre une
modification aisée de la programmation (flexibilité) des moyens de rendre
compte du déroulement des opérations.
Lorsque la
complexité augmente, un véritable dialogue homme-machine, parfois l’auto-adaptation,
l’optimisation sont nécessaires, et les automatismes appartiennent aux systèmes
plus évolués décrits plus loin. C’est le cas du magasinage automatique, du test
automatique (en cours de fabrication ou pour la maintenance), du triage des
wagons, de la commutation téléphonique, dans leurs conceptions actuelles.
Systèmes
asservis
L’ancêtre de la
famille des systèmes asservis, ou servomécanismes, est vraisemblablement le
régulateur de Watt, destiné à rendre la vitesse de rotation des machines à vapeur
indépendante de la charge. L’emploi des régulateurs a suivi de peu celui de la
force motrice, mais le développement des servomécanismes de précision est
beaucoup plus récent: ils ont été considérablement perfectionnés au cours de la
Seconde Guerre mondiale, par suite des progrès des armes aériennes et
antiaériennes, pour résoudre les problèmes de pilotage automatique des avions,
des fusées et des navires, ainsi que les problèmes de guidage vers l’objectif.
Ces progrès sont
dus en partie au développement parallèle de la théorie des systèmes asservis
qui est, en ce domaine, l’outil mathématique de base des ingénieurs. Il
n’existe plus, à l’heure actuelle, d’équipement de production ou d’emploi
d’énergie de quelque importance qui ne soit placé sous la dépendance d’un
régulateur plus ou moins complexe, ajustant les différents paramètres de
l’énergie transférée. Comprenant des asservissements auxiliaires de limitation,
ils assurent une protection efficace contre les surcharges.
La plupart des
processus continus ou semi-continus de fabrication des demi-produits
métallurgiques (laminage), des industries du papier et de la feuille plastique,
de même que la chimie de base, ou la production du verre ou des matériaux, font
appel à des systèmes asservis pour le contrôle de la force motrice et des
transferts d’énergie. Cela a permis d’accroître simultanément la productivité
des lignes de fabrication et la qualité des produits.
De même, le
fonctionnement des robots fait appel à des asservissements de position qui
constituent l’essentiel de la commande lorsqu’il s’agit de simples
télémanipulateurs.
Le pilotage
automatique des véhicules est fondé sur des systèmes asservis.
Dans les variantes
les plus simples de ces divers exemples, les références, c’est-à-dire les
grandeurs d’entrée, ou consignes, sont introduites par les opérateurs humains à
l’aide de manettes, leviers ou pédales à action progressive. Les efforts
nécessaires pour manœuvrer ces commandes sont exactement dosés selon des
données ergonomiques.
Mais il est de plus
en plus fréquent que la relation homme-machine soit plus complexe et que le
système suggère ou impose à l’opérateur une solution optimale. Les références
des asservissements sont alors élaborées par le système et non plus réglées
directement (sauf en marche de secours).
À l’instar des
automatismes à séquences, les systèmes asservis sont souvent partie intégrante
– et essentielle – des systèmes plus évolués décrits plus loin.
Systèmes
adaptatifs
Le traitement qui
élabore les moyens d’action est fondé sur une comparaison entre l’information
de commande et l’information d’état (fig. 1). Ce traitement est d’autant plus
efficace que l’on dispose d’un modèle du système pour pouvoir prédire son
comportement en fonction des variations de l’information de commande et des
perturbations extérieures. On a recours à une modélisation qui consiste à
trouver les variables et la forme des équations qui régissent le processus,
puis à une identification dont l’objet est l’évaluation des paramètres contenus
dans ces équations. Ce modèle est généralement placé dans un ordinateur. Il
permet de donner, en temps réel, à mesure du déroulement du processus, les
consignes aux automatismes locaux qui gouvernent les actionneurs.
Étant donné la
complexité du processus, il est souvent demandé d’atteindre les objectifs de la
meilleure manière possible, c’est-à-dire d’optimiser les performances, par
exemple en améliorant statistiquement les résultats en minimisant l’écart
quadratique moyen de telle grandeur de sortie.
Dans la pratique,
les systèmes à modélisation du processus sont maintenant très répandus,
notamment dans l’industrie lourde. Dans la sidérurgie, la conduite des hauts
fourneaux (calcul de la charge et chargement automatique du minerai, des
fondants et du coke, réglage des apports calorifiques et du débit d’air) est
régie par un modèle mathématique qui calcule le bilan du fer et du carbone,
ainsi que le bilan thermique. Il en est de même pour la conduite des aciéries,
des laminoirs et des installations de parachèvement et de traitement de surface
des demi-produits. Ainsi, dans le cas d’un laminoir à froid à plusieurs
"cages", le modèle détermine les vitesses de rotation des cylindres
de laminage, les écartements de leurs axes, la traction exercée dans le métal
entre les cages successives et par les bobineuses, le débit d’arrosage par le
liquide de refroidissement. L’objectif est de respecter une qualité, qui
s’exprime en pourcentage de longueur et de largeur, obtenue avec une tolérance
d’épaisseur donnée.
Des procédés
similaires sont appliqués à la conduite des fours, des réacteurs, des colonnes
à distiller, dans les industries des matériaux et la chimie de base.
Pour les robots
classiques, la modélisation porte sur la cinématique (pour tenir compte des
limites de course, de vitesse et d’accélération, ainsi que des obstacles) et
sur la dynamique (pour tenir compte des limites d’effort et des déformations
des organes du robot). Le but de cette modélisation est d’optimiser, d’une
part, les tâches de l’outil, d’autre part, sa trajectoire, dont les opérateurs
ne programment qu’un certain nombre de points.
L’identification du
modèle, c’est-à-dire l’évaluation numérique des paramètres qui apparaissent
dans les équations de ce modèle, peut se faire grâce à des tests. Si ces tests
sont effectués en dehors des périodes de production, c’est l’apprentissage .
Dans le cas des robots, il s’agit essentiellement de la mise en mémoire des
points de la trajectoire, des trajectoires de contournement et des tâches de
l’outil. Cet apprentissage est accompli soit au moyen d’un petit pupitre mobile
avec lequel on télécommande le robot, soit au moyen d’une sorte de maquette du
robot, appelée syntaxeur. Il existe cependant des langages évolués qui
permettent de rédiger le programme de travail du robot sans passer par
l’apprentissage et sans immobiliser la machine.
Structures
auto-adaptatives
L’identification du
modèle suppose donc des tests. Dans les structures auto-adaptatives, les tests
sont faits automatiquement: le système effectue des expériences en dehors des
périodes de production, ou il analyse le comportement de certains de ses
organes grâce à des tests échantillonnés pendant le fonctionnement, procédant à
la mise à jour de l’identification du modèle en fonction des résultats de ces
tests. La mise à jour est alors quasi continue. Cette méthode de test
échantillonné s’applique au cas du laminoir envisagé plus haut: chaque section
de produit à laminer de quelques décimètres de longueur est suivie et testée
pendant toute sa traversée du laminoir, et les mesures successives de son
épaisseur permettent la mise à jour du modèle élastique des cylindres et des
cages. Ce modèle est en effet fluctuant du fait des changements de température,
de l’usure des cylindres de travail et de la formation de films d’huile dans
les tourillons.
L’emploi d’une
structure auto-adaptative n’élimine pas la nécessité de procéder à une analyse
préalable du processus afin d’établir dans le détail le traitement de
l’information. La difficulté de ce travail est grande pour les cas complexes.
On cherche maintenant à construire des systèmes autodidactiques élaborant et
perfectionnant leur programme sous la conduite d’un superprogramme de
comportement général: c’est le domaine des systèmes d’intelligence
artificielle.
Systèmes
industriels d’intelligence artificielle et systèmes experts
L’intelligence
artificielle s’adresse à toutes les activités cognitives, comme la
compréhension du langage naturel, l’analyse d’images, la reconnaissance des
formes, ainsi qu’à certains problèmes qui, comme ceux de la mise au point
d’emplois du temps, les choix d’un itinéraire, ont une solution théorique
combinatoire, mais sont résolus de façon plus directe et intelligente par tout
expert humain.
On cherche, depuis
de nombreuses années, à rendre l’ordinateur apte à exécuter ces tâches par un
enchaînement de "raisonnements", un travail de déduction. Dans ce
domaine, les logiciels vraiment opérationnels sont rares.
On admet maintenant
qu’une grande masse de connaissances, aussi précises que celles qui sont
utilisées par un spécialiste, est indispensable à la réussite, quelle que soit,
par ailleurs, la "capacité de raisonnement". D’où l’idée de
construire des systèmes experts qui utilisent des bases de connaissances
stockées en mémoire. Ces bases de connaissances sont, en fait, issues du
savoir-faire d’hommes experts et exploitées au profit d’hommes non experts, les
utilisateurs. Un système expert comporte donc (fig. 6):
– une base de
connaissances , qui est un ensemble de règles (implications logiques,
évocations d’hypothèses, convictions de l’expert);
– une base de faits
, qui est une description du problème précis que l’on va traiter;
– un moteur
d’inférence , chargé d’appliquer les règles au problème précis.
Dans le domaine de l’automatisation,
les système experts qui semblent avoir un grand avenir sont ceux qui apportent
une aide à la décision d’un opérateur (ou d’opérateurs) en vue d’une
production, au sens très général du terme (et en matière de diagnostic, d’une
façon toute particulière), et ceux qui commandent directement les machines.
Les premiers
débouchés industriels apparaissent dans l’aide à la conduite, à la surveillance
et à la maintenance d’installations complexes, et dans le diagnostic des pannes
de composants complexes.
En revanche, les
systèmes experts appliqués à la commande directe peuvent devenir des éléments
importants de l’automatisation du futur. Ce sera le cas des robots dits de la
troisième génération: ces robots seront doués de pseudo-sens et auront une véritable
perception de leur environnement. Actuellement, des robots de deuxième
génération sont mis en service: ils comportent notamment ce que les
constructeurs appellent la "vision". Cette vision est utilisée pour
des tris sophistiqués de pièces, des contrôles de bonne exécution dans les
chaînes de fabrication de sous-ensembles, des contrôles dimensionnels. Cette
vision va-t-elle bientôt permettre la préhension automatique de pièces de
formes variées en vrac? De la même façon, des systèmes de reconnaissance vocale
de faible coût sont disponibles; ils équipent de petits autocommutateurs
téléphoniques privés. La lecture automatique des caractères s’est perfectionnée
et est opérationnelle; on l’utilise beaucoup dans les banques. Toutes ces
fonctions vont trouver leur place dans l’automatisation des processus.
Systèmes
à gestion intégrée. Ateliers flexibles
On parlait, au
début des années soixante-dix, de systèmes biodynamiques dans lesquels
actionneurs ou processus comportent des éléments humains. On peut classer dans
cette catégorie les systèmes d’assistance par ordinateur (auxquels se
rattachent les systèmes de régulation de trafic, qui proposent plus qu’ils
n’imposent) et aussi les systèmes où se trouve intégrée une assistance à la
gestion, qui sont nombreux. Ainsi, un processus industriel automatisé
s’accompagne souvent de la gestion automatique des stocks des produits
impliqués dans le processus, afin de garantir la souplesse de l’exploitation
selon certains critères que le système a "appris". De même, la mise
en fabrication des produits se fait moyennant une exploitation rationnelle du
carnet de commandes, que le système assure aussi. Ces fonctions de gestion
nécessitent généralement des ordinateurs spécifiques en relation avec le
système. Il s’agit d’une commande hiérarchisée (fig. 7). La relation
homme-machine est assurée par consoles, écrans et imprimantes à forte capacité,
l’homme restant largement maître des événements.
Dans un autre
domaine, on a cherché à profiter de ce que les robots, grâce à l’apprentissage,
ont la possibilité d’être adaptés, à peu de frais, à des tâches variées. Les
machines-outils traditionnelles cèdent alors la place à des centres d’usinage
aux fonctions et possibilités multiples, totalement programmables. Équipé de ce
type de machines et, aussi, de robots et de moyens de manutention automatiques,
tels des chariots filoguidés, l’ensemble de l’atelier est programmé; et il est
reprogrammable en temps masqué. Autrement dit, la reprogrammation se fait
pendant que l’atelier fonctionne, sans en affecter le fonctionnement. De plus,
l’atelier est équipé de moyens de contrôle automatiques qui vérifient les
tolérances sur les machines mêmes ou sur des bancs de mesures spéciaux: toutes
les pièces hors tolérance sont ainsi prises en charge et remises en fabrication
chaque fois que cela est possible, sans intervention humaine. Enfin, l’atelier
est équipé de magasins automatiques gérés de la façon qui est décrite au début
de ce paragraphe. Ces possibilités permettent d’exécuter économiquement des commandes
de petites séries de pièces, comme on en rencontre dans les industries
aérospatiales. Ces ateliers sont dits flexibles (fig. 8), et la conception des
logiciels de leur automatisation relève de la productique .
– Dans la forme
numérique , chacune des grandeurs qui constituent l’information est exprimée
par un nombre. Pour une variable continue ou quasi continue, ce nombre, qui
comporte d’autant plus de chiffres que la traduction doit être plus précise,
n’appartient généralement pas au système décimal, où dix chiffres
représentatifs sont utilisés, mais à un système à peu de chiffres (généralement
deux: systèmes binaire ou dérivés, comme le décimal codé binaire, ou D.C.B.).
Pour une variable discontinue susceptible de prendre seulement quelques états distincts
– souvent deux, dits tout ou rien, ou T.O.R. –, les états sont généralement
traduits par les combinaisons d’un petit nombre de chiffres (généralement deux:
systèmes binaire et dérivés). Les états ci-dessus sont universellement repérés
par les chiffres 0 et 1, chiffres appelés bits (de l’anglais binary units ou
digits ).
– Dans la forme
analogique , chacune des grandeurs qui constituent l’information est
susceptible de variation continue; chaque grandeur (physique) est traitée par
un "transducteur" qui la transforme en une autre grandeur physique
(le plus souvent électrique) qui lui est proportionnelle (ou, au moins, lui
correspond de façon biunivoque).
La traduction
numérique, ou codage, des grandeurs physiques continues est un problème
généralement résolu par des méthodes électroniques (utilisation
d’amplificateurs, de circuits logiques, voire de microprocesseurs), parfois
associées à des moyens optiques ou mécaniques. Les grandeurs ainsi codées
peuvent se trouver brouillées par des signaux parasites apparaissant en
particulier sur les lignes de transmission, qui doivent donc être protégées.
Une façon efficace de protéger les signaux est de les transformer en impulsions
lumineuses par des convertisseurs opto-électroniques (phototransistors, photodiodes,
diodes lasers) et de les transmettre par des fibres optiques, ce qui permet de
transférer une grande quantité de signaux par unité de temps sans risque de
brouillage.
Cette observation
est particulièrement importante pour les utilisations militaires, où l’une des
causes les plus redoutées de brouillage est le rayonnement électromagnétique
causé par les explosions nucléaires (techniques de "durcissement").
Pour les variables
discontinues, exprimées principalement en binaire, dont le traitement est
communément baptisé logique, on fait appel tant aux domaines électrique et
électronique qu’aux domaines pneumatique, hydraulique et mécanique. Les
techniques de logique utilisent une famille de cellules élémentaires connectées
les unes aux autres. Par commodité, ces cellules seront désignées ici sous le
vocable très usité de circuits logiques.
Un tel circuit
(fig. 2) comprend essentiellement une entrée, une sortie et un apport d’énergie
auxiliaire; il est construit pour recevoir, à son entrée, des signaux issus des
sorties de circuits similaires et pour émettre, à sa sortie, un signal qui sera
reçu par les entrées de circuits similaires. Ces signaux ne peuvent avoir que
deux valeurs, parfaitement distinctes l’une de l’autre, dites états, qui sont
repérées conventionnellement par les chiffres 0 et 1.
Les circuits
logiques ont couramment plusieurs entrées et plusieurs sorties. Il existe une
combinaison deux à deux de circuits logiques, dite mémoire ou bascule, dont
l’état de sortie est conservé après disparition du signal qui avait provoqué
son apparition (fig. 3). Les assemblages de mémoires élémentaires forment des
registres, des compteurs, etc., constamment employés en automatisme séquentiel.
En technique
électrique, les ensembles logiques sont constitués par des relais
électromécaniques.
En technique
électronique, les circuits logiques ont d’abord été réalisés au moyen de
transistors (commandés en tout ou rien) et de résistances, puis par des
assemblages de jonctions transistors et d’éléments équivalents à des résistances,
réalisés en couches minces à l’échelle microscopique, portant le nom de
circuits intégrés. Cette technique permet une très grande "densité"
des ensembles logiques [cf. CIRCUITS INTÉGRÉS].
Cette densité ne
cesse de croître avec les progrès des moyens de production de la
microélectronique. On peut ainsi disposer, sur une seule pastille de silicium,
de registres de mémoire d’une capacité considérable, de sorte que des variables
numériques codées en mots de 8 ou 16 bits et même 32 bits (c’est-à-dire avec
précision) peuvent être stockées par centaines de milliers. Cela a permis de
réaliser dès la fin des années 1970, avec quelques boîtiers plats de quelques
centimètres carrés de surface, l’équivalent d’une unité centrale d’un
ordinateur classique avec une large capacité de mémoire et un temps de cycle
court – inférieur à la microseconde [cf. MICROÉLECTRONIQUE].
Les
microprocesseurs permettent, dans les automatismes modernes, des traitements
d’information décentralisés. Ils sont particulièrement utiles pour:
– le codage des
grandeurs physiques intervenant dans l’automatisation et leur traitement par
fonction de transfert, linéaire ou non;
– le filtrage par
logiciel du bruit et des valeurs erratiques (traitement dans les capteurs ou en
association avec eux);
– la transmission
des informations au moyen de lignes de communication (transmission asynchrone
en série des bits composant les informations sur des lignes de plus en plus
rapides);
– le traitement des
variables d’état pour réaliser les conditions optimales de stabilité et de
performance des systèmes bouclés [cf. AUTOMATIQUE];
– la gestion des
alarmes et des signaux de service.
On ne saurait
donner ici ne serait-ce qu’un aperçu du vaste domaine des capteurs et
transducteurs destinés à transformer une grandeur physique en un signal
analogique ou numérique. Les réalisations sont innombrables dans les domaines
de la dynamique et de la cinématique, de la physico-chimie (débits, pressions,
volumes, températures), de l’optique (y compris l’analyse d’image) et de
l’acoustique.
On distingue, en particulier en robotique, les capteurs "proprioceptifs", qui permettent de contrôler les déplacements relatifs des parties d’un système les unes par rapport aux autres, des capteurs "extéroceptifs", destinés à fournir des renseignements sur l’en