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Le Capitalisme

La source de toutes les équivoques, c’est de concevoir le capitalisme comme un "système". Par là, on évoque un réseau de contraintes dans lequel la société est tout entière enserrée. C’est supposer possible l’existence d’un autre type de société capable de se passer partiellement ou en totalité de ces contraintes (ou de contraintes équivalentes et perçues comme telles), tout en donnant les mêmes résultats en ce qui concerne la quantité et la qualité des éléments de bien-être produits. Une condition supplémentaire et importante serait que cette société autre fût en mesure de s’affranchir des contraintes du "système capitaliste" (ou de contraintes équivalentes et perçues comme telles) sans destruction additionnelle du milieu environnant.

La principale difficulté tient à l’ambiguïté de la notion de "contraintes". S’agit-il des "lois" économiques elles-mêmes? Dans ce cas, celles-ci doivent être considérées comme contingentes, tenant précisément à la nature du "système", comme le croyaient les marxistes, et non à la nature des choses. Ou bien s’agit-il de l’empreinte laissée par les conséquences de ces lois sur les individus membres de la société où elles font sentir leurs effets? Dans ce cas, la contingence est liée au caractère subjectif du critère mis en avant.

Voir dans le "capitalisme" un système économique caractérisé par un mode de fonctionnement particulier procède d’une illusion historique. Il aura fallu la chute des régimes d’inspiration marxiste pour que l’opinion publique dans son ensemble en prenne conscience. Du capitalisme, t" (H). Admettons, à titre d’hypothèse simplifiée, que le coût initial de l’investissement (C) ait été de 15 000 francs, prix acquitté pour l’achat de l’armoire; que celle-ci soit destinée à servir pendant vingt ans; qu’enfin le taux d’intérêt (i) du marché soit de 10 p. 100. Pour calculer H, on recourt souvent à la fiction suivante: si notre hôtelier avait choisi de placer en titres d’État perpétuels son épargne de 15 000 F, cette somme lui aurait rapporté indéfiniment un revenu (C Z i) de 1 500 F par an. Voilà le minimum que l’investissement doit rapporter pour être considéré comme rentable aux conditions régnant sur le marché. À cela s’ajoute la nécessité de pourvoir au renouvellement de l’armoire. L’amortissement annuel est égal au montant de l’annuité (R) qui, au bout de vingt ans, au taux de 10 p. 100, remplace une valeur de 15 000 F, soit 261,9 F (on a tenu compte ici des intérêts composés, mais ce raffinement n’ajoute rien au raisonnement qui va suivre: on aurait pu se contenter, à titre purement illustratif, de diviser 15 000 par 20, soit un amortissement annuel de 750 F).

De H, coût périodique de l’investissement, on déduit K, le "coût capitalisé" (capitalized cost ). Il s’agit du capital qui, placé au taux en vigueur, assurerait le revenu nécessaire pour couvrir le coût périodique.

De ces chiffres, l’entrepreneur tire les conclusions suivantes. D’abord, si l’adjonction d’une armoire coûtant 15 000 F et destinée à être utilisée comme bien de production pendant vingt ans ne permet pas d’obtenir, par majoration du prix de la location, une recette annuelle supplémentaire (H = Ki) d’au moins 1 761,9 F, l’investissement projeté doit être abandonné. On aurait abouti à une somme supérieure ou inférieure si le taux de profit du marché avait été supérieur (15 p. 100 par exemple) ou inférieur (5 p. 100 par exemple). Ensuite, le coût véritable de l’investissement est non pas de 15 000 F, mais de 17 619 F.

Se servir de ces calculs, objectera-t-on, ne fait qu’illustrer la "logique